Par François-Michel Denis, professeur de philosophie
Je me propose aujourd’hui de dresser un portrait de la figure socratique que —mobilisant toutes mes forces vives— depuis cinq ans je m’emploie à faire advenir, c’est-à-dire depuis que j’ai atteint l’âge où Socrate —après avoir choisi de ne pas fuir Athènes— but la ciguë. Toute ma vie j’ai cherché à apprendre à apprendre et, voilà environ cinq ans, cet opérateur est devenu fluide en moi, la réflexivité de l’apprendre est devenue réflexe. «Connais-toi toi-même», disait-il; «comprends-toi toi-même», serait-il plus juste de dire après Kant. Pour me comprendre, j’ai dû retrouver Thalès qui, dans le mythe d’origine de la philosophie que les Grecs se sont raconté, découvre la mathesis, l’acte d’apprendre même. Quand la rationalité se soulève, il n’y a pas de différence entre arithmos, logos et theos, il n’y a que l’apparition de l’universel. Du Socrate que je propose, c’est la face politique que je dessinerai ici devant vous, celle qui relève du logos.